mages indépendants, aucun destin ne demeurera longtemps lié au nôtre.

Calliope n'est pas une fille très bavarde. Son manque de confiance en elle crève les yeux, sa méfiance l'empêche de s'attacher à quiconque, et elle estime que c'est très bien comme ça. Constamment sur la défensive, elle préfère rester seule plutôt que souffrir. Dure envers elle-même, elle s'autorise peu d'écarts. La carapace qu'elle s'est forgée peut bien entendu s'expliquer par son passé tumultueux. Après le divorce de ses parents, alors qu'elle avait sept ans, l'un et l'autre se sont montrés peu présents pour elle. Année après année, cette sensation d'abandon l'entourait jusqu'à l'étouffer. Alors quand son meilleur ami est mort, alors qu'elle avait quinze ans, ce fût définitif : elle décidait de ne plus s'attacher à personne. C'est là qu'elle commença à plonger dans la magie, ne réalisant auparavant que quelques sorts par-ci par-là. Bien que plus habituée aux sorts de magie blanche ou neutre, il lui arrive de toucher à la magie noire, quelques fois.

Elle use le plus souvent de sortilèges de détachement, sur elle-même.

Keziah est une des rares personnes à avoir eu le droit de grandir dans une famille unie et aimante comme on en rêve tous. Bien sûr, ils ont connu des périodes difficiles, mais ont toujours su surmonter les épreuves auxquels ils faisaient face. Il faisaient attention aux dépenses, mais n'étaient pas pauvres non plus, sans être riches pour autant. Keziah, c'était le petit bijou de son père, la princesse qu'il dorlotait sans cesse. Sa mère était envers elle aimante, et compréhensive, ramenait parfois son père à la raison quand il cédait trop à ses caprices. L'adolescence de Kez fût difficile, elle était rebelle et indomptable, échappait à toutes les règles qu'on lui fixait. Elle commença à traîner avec des gens étranges : des sorciers. Et après quelques temps, elle comprit que cela avait pris une grande place en elle. Après sa licence de droit, elle décida donc de venir s'installer à Haverleigh où elle savait qu'existait de grandes communautés de sorcières. Et jusque-là, elle n'est pas déçue.

Elle pratique souvent des sortilèges menant ses victimes à la déprime, la colère ou la folie.

Medusa Rhea Hall, que beaucoup de gens connaissent sous son nom de sorcière Eridani, est le profil type de la sorcière à ne pas emmerder. Source de fascination et de haine, elle envoûte et fait gonfler les rumeurs. On murmure sur son passage, on lance des regards noirs pleins de hargne ou d'admiration, on la dévisage, on la déshabille du regard. Elle n'a pourtant pas été élevée pour ça, loin de là. Née au fin fond de la banlieue au milieu d'une famille nombreuse, elle a trimé pour se sortir de là et entamer des études. Parallèlement, elle fût repérée par un directeur de casting et entama une carrière dans le mannequinat. La chance lui souriait. Elle fait de la magie depuis qu'elle est toute petite, suivant les traces de sa mère, seulement les déités n'ont jamais semblé vouloir entendre celle-ci hormis pour la réussite de sa fille cadette. Eridani est fière de ce qu'elle est devenue, et se moque totalement des langues de vipère cherchant à casser du sucre sur son dos. Non, elle, elle reste droite, fière, mais attention, ne la mettez pas en colère, ne vous préoccupez pas de ses affaires. Surtout que la demoiselle, elle, n'hésite pas à user de la magie noire couramment, voilà le seul regret de sa mère adorée. Elle ne fera pas exception pour se venger de vous.

La chance ne sourit pas toujours à ceux qui l'ont mérité, et c'est d'ailleurs bien peu souvent le cas. Mister Hamilton en est d'ailleurs la preuve parfaite. Sa vie n'est qu'une succession d'heureux évènements inattendus. Il naquit avec une cuillère en or dans la bouche et fût élevé selon les règles de l'art. Il enchaîna les conneries tout au long de sa vie sans jamais se faire prendre par la justice, ni se faire avoir à son propre jeu, comme cela arrive si souvent. Quand ses parents en eurent assez de ses débâcles et décidèrent de ne plus les financer, son arrière-grand-père mourut en lui laissant une bonne part d'héritage. Tout ce dans quoi il se lançait lui souriait. Il avait même été accepté dans l'Ivy League bien qu'ayant séché quasiment la totalité du dernier trimestre de l'année - il estime que la magie l'a considérablement aidé sur ce point, nous supposons que son argent aussi. Et enfin, s'il se trouve aujourd'hui à Haverleigh, c'est qu'on vient de lui proposer le poste d'adjoint au maire. Beau boulot, pour un gamin de vingt-sept ans. Il faut dire que la politique est la concentration de tout ce qu'il maîtrise à merveille : malhonnêteté, démagogie, charisme et mensonges.

Il est réellement doué dans les sorts de chance, comme vous aviez pu vous en douter.

Narcisse est danseur. Il fait rêver les gens, sur la scène, et transforme leur vie en enfer à l'extérieur. Petit, ses parents n'ont jamais fait très attention à lui, et l'amour de ceux-ci lui a toujours cruellement manqué. Au collège, les filles riaient de ce frêle garçon aux yeux cernés. Mais quand il parvint au lycée, il avait totalement changé, s'étant quasiment transformé en bombe sexuelle, sur laquelle tous les regards se retournaient. Alors, avec sadisme, il entama sa vengeance. Il usait de puissants sortilèges amoureux afin de rendre folle ces filles qui, en plus d'être attirées par lui, devenaient désormais de réelles groupies prêtes à se plier en quatre afin d'exaucer les désirs de cet homme dont la beauté égalait son mythique homologue. Rien d'autre ne comptait que son opinion à leur propos. Il s'amusa à leur faire croire des choses, puis à les jeter, une à une, avec la brutalité d'un tyran, les désillusionnant à propos de l'amour. Le coeur brisé, ces filles finissaient par comprendre qu'elles s'étaient faites avoir, et toutes avaient extrêmement de mal à s'en remettre. Le lycée est passé, et pourtant, les habitudes de Narcisse n'ont pas changé. Il agit toujours de manière aussi cruelle, cherchant à combler le vide en son coeur froid sans jamais y parvenir.